travaux personnels
Il est difficile d'expliquer le pourquoi de son travail. Quels sont les mobiles, les motivations, conscientes ou inconscientes, qui décident du choix d'un sujet. Pourquoi les prêtres-ouvriers. D'autres photographes l'ont fait avant moi. Qu'ai-je apporté de nouveau ? Me suis-je même posé la question ? En réalité, non.

L'évidence d'un travail est affective, émotionnelle. C'est dans cette évidence, je crois, que l'on se trouve, en tant qu'observateur, à sa juste place. Une résonance, quelque chose qui touche au cœur et que l'intellect, après coup, digère, dissèque, explique.

Dans mon parcours, les prêtres-ouvriers ont d'abord été un souvenir. Flou et marquant, vivace. Dans l'errance d'une enfance sur les routes, une communauté de Lyon nous accueille pour la nuit, laisse un billet dans une enveloppe au petit matin...

Trois décennies plus tard, je les ai retrouvés. Fraternels et seuls ; bons vivants et taiseux ; combattants et méditatifs. Je les ai vécus comme les représentants d’une spiritualité à renaître, de luttes à réinventer. Je les garde comme la preuve de la complexité de l'homme, de sa sensibilité dans l'apparence la plus humble.

Pendant cinq ans, j'ai donné mes doutes pour approcher leur certitude. Je leur dois une réconciliation.

Ce travail fait aujourd'hui l'objet d'un livre, “Les Invisibles”, co-écrit avec Gérard Mordillat, paru en octobre 2010 aux éditions de l'Atelier.