travaux personnels
Glissée par mon ami Jean-Claude Amilhat, l'idée de réaliser un travail de fond sur ceux qui vivent la voiture, ou ce qui s'en rapproche, et le déplacement, dans son sens le plus large, d'une manière décalée, correspond à mon souci constant d'échapper aux contraintes étroites de la photographie dite automobile. Il est en effet difficile en France de répondre à une spécialisation par l'ouverture d'esprit et la largesse du regard. Catalogué « photographe de bagnoles », je ne jouis d'aucune légitimité à me confronter à d'autres sujets, à d'autres aspects de la vie et de la société. Je ne peux compter que sur ma propre légitimité, celle du besoin intime de vivre au travers d'un sujet une partie de moi-même. J'en ai pris mon parti. Et j'assume l'étiquette d'un photographe de genre qui, comme au cinéma, saurait explorer dans la trame d'un propos convenu d'autres territoires, exprimer un propos plus universel. Quitte à laisser cette production dans l'ombre. Parfois, le voyage est plus important que la destination…

Les Voyageurs Immobiles, titre provisoire de ce travail, se propose comme une immersion dans un monde inconnu à partir d'un point de départ pratiqué par tous : la voiture, la bagnole, la caisse, le tacot, le car, le bus… De cet outil incontournable de notre société, certains ont fait l'expression d'une autre vie, en ont détourné la finalité première pour assouvir un but différent mais toujours le même : partir, mais à sa manière. Ils sont marginaux, parfois rebelles, toujours décalés, et tous automobilistes, et bien plus que cela. Ils sont libres.